Les parcs à thème en France : tour d’horizon en 10 projets

Dépendant toujours d’une grosse injection d’argent public, les parcs prédécesseurs d’ECLAT ont connu une existence plus ou moins longue.

Le modèle des parcs à thème est maintenant obsolète en France, c’est pourquoi leurs opérateurs se tournent principalement vers des pays tels que l’Arabie Saoudite ou la Chine qui accueillent favorablement ce type d’équipement de grande consommation de loisirs.

Néanmoins quelques édiles français croient encore pouvoir marquer leur territoire avec un projet de cette nature.

(Sources des informations suivantes : Wikipedia, Le JSL, Bulletins municipaux et communautaires, Libération, Le
Monde, La Dépêche du Midi, Vosges Matin, Paris Normandie )

L’Archéodrome de Beaune

Merceuil, Côte d’Or, 1978 – 2005

L’Archéodrome de Beaune-Merceuil est un parc-musée autoroutier d’archéologie à vocation pédagogique et touristique, situé à Merceuil, Côte-d’Or, ouvert sur l’aire d’autoroute de Beaune sur l’autoroute A6 en 1978.

L’Archéodrome, après des difficultés, a fermé définitivement le 31 octobre 2005, faute de repreneur. Au début des années 1980, plus de 250 000 visiteurs se pressaient dans ce musée d’un nouveau style qui offrait un voyage dans le temps en Bourgogne, de l’âge du fer à l’An mil. Le concept d’offrir aux vacanciers l’occasion de faire une pause culturelle était alors inédit.

Le site a progressivement perdu de son attractivité et sa fréquentation est tombée à 40 000 visiteurs en 2004, dont une grande partie de scolaires (17 000), les enseignants appréciant la qualité pédagogique des reconstitutions historiques. Pour expliquer cette baisse de fréquentation, on avance le manque de renouvellement des installations, crucial pour tous les parcs à thèmes et très gourmand en investissements. De plus, la Bourgogne s’était enrichie entre-temps d’autres sites archéologiques orientés vers le grand public, comme Solutré, Bibracte, Alésia ou encore Guédelon.

Mirapolis

Courdimanche, Val d’Oise, 1987-1991

« Mira » évoque le miroir et l’infini, « polis » la grandeur des cités et royaumes antiques. À son ouverture en 1987, le parc de loisirs Mirapolis est promis à un brillant avenir. Au final, un feu de paille. (journal de la communauté d’agglo de Cergy Pontoise)

Le parc revendiquait une « connotation culturelle », 55ha (20 pour les parkings, 35 pour le parc lui-même).

Parc relié à Paris par RER, atout pour son succès ; Caisse des Dépôts 10% ; Fréquentation attendue 600 000 par an, portée ensuite à 2 000 000 par an dans le développement des études de faisabilité ; au maximum,1 million atteint en 1990.

Depuis sa destruction, Mirapolis est majoritairement animé par les gens du voyage qui s’y installent, et par de nombreux exercices de la gendarmerie, de la police et des pompiers. L’édifice en béton armé défraîchi situé à l’entrée du parc est toujours debout. Les guichets de paiement du rez-de-chaussée sont encore visibles. Une rave party a été organisée dans l’enceinte de Mirapolis. Avenir du site toujours incertain trente ans après sa fermeture.

Zygofolis

Nice, 1987 – 1991

Zygofolis était un parc d’attractions et un parc aquatique.

Ouvert le 1er juillet 1987, il ferme définitivement ses portes le 31 octobre 1991. Un des grands parcs français conçus à la fin des années 1980, à la suite de l’annonce de l’arrivée d’Euro Disney Resort.
350 millions de francs (53 millions d’euros) sont investis.
Zygofolis doit accueillir 500 000 visiteurs pour atteindre l’équilibre financier. Le nombre d’entrées a atteint au maximum 450 000 visiteurs la seconde année. Le parc est démantelé et les attractions revendues en 1991.
Sur ses terres se dresse depuis 1996 le parc d’activités logistiques (Pal) avec des entreprises telles FedEx et UPS. Le PAL est créé à l’initiative de la Chambre de commerce et d’industrie de Nice-Côte d’Azur, en partenariat avec l’État, le Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil général des Alpes-Maritimes et la Ville de Nice.

La Toison d’Or

Dijon, 1990 – 1993

Le parc récréatif de la Toison d’or jouxtait le centre commercial du même nom. Inauguré en avril 1990, il ferme définitivement ses portes en 1993.

L’estimation initiale du parc se monte à 80 millions de francs (12,2 millions d’euros). Des voix s’y opposent, estimant que ce type de parc n’a aucune chance d’être rentable. Le parc aura finalement coûté 155 millions de francs (23,63 millions d’euros). Il se déploie sur 15 hectares.
Après six mois d’exploitation, le parc de loisirs est en faillite. Un différend survient entre la Lyonnaise des eaux et le groupe Walibi concernant la gestion du parc. Le parc accueille 300 000 visiteurs par an et son revenu annuel est de 17 millions de francs (2 590 000 d’euros). Une dette accumulée de 162,5 millions de francs (25 millions d’euros) est la cause de la faillite du parc.

À la suite de la fermeture du parc d’attractions, la Lyonnaise des eaux rétrocède le terrain à la commune. La quinzaine d’attractions du parc est alors revendue au prix de la ferraille à Nigloland. Le coût d’aménagement final supporté par la Ville s’élève à 19 millions de francs (3 millions d’euros). Le site devient par la suite un parc-jardin mis gratuitement à la disposition des Dijonnais, tout comme le parking de 1 200 places.

Vulcania

Puy-de-Dôme, depuis 2002

Aujourd’hui, jour d’inauguration, s’achève la saga Vulcania. Les opposants de la première heure au «Giscardoscope» sont passés de l’hostilité au scepticisme. Ceux qui se sont enthousiasmés dès le départ pour le Parc européen du volcanisme savourent, eux, l’ouverture d’un vrai «phare touristique» dans cette mer de 80 volcans endormis que représente la chaîne des Puys. Depuis le lancement de ce gigantesque projet, en 1992, la communication savamment orchestrée, le secret quasi total entourant le chantier et les soupçons lourds qui pèsent sur VGE, président du conseil régional, de vouloir marquer la région de son empreinte n’ont fait qu’alimenter les passions.

Un parc à thème dédié aux volcans ouvre enfin, après 10 ans d’un parcours difficile. Au début des années 1990, des associations se sont formées pour dénoncer l’endroit choisi pour le parc : un ancien terrain militaire situé en plein cœur du parc naturel des volcans d’Auvergne. Une facture de 100 millions. Les opposants au projet mettaient en avant les dangers de la pollution et d’un tourisme de masse dans une région réputée pour ses sources. Le chantier démarre en 1997, l’ancien président le suit pas à pas. Vulcania ouvre en 2002 avec deux ans de retard et une facture totale de plus de 100 millions d’euros. Le succès du parc est explosif, près de 600 000 visiteurs la première année. Mais les lendemains déchantent et le nombre de visiteurs chute. (…)

Les arguments économiques avaient pourtant motivé les élus régionaux : 200 emplois en haute saison et 500 emplois induits, des retombées économiques évaluées entre 12,19 millions et 18,29 millions d’euros, sans parler du flot de touristes estimé: 500 000 la première année, 800 000 dans cinq ans.

Point noir : l’envol du budget. De 289 millions de francs (44 millions d’euros), le coût total atteindra les 715 millions de francs (109 millions d’euros), dont environ un tiers financé par la région sur ses fonds propres. «On estime à un million de francs par an (152 000 euros) la somme qui sera récupérée par la Région. Cela correspond à un prêt à 0 % sur 700 ans».

Libération, le 20 février 2002 – Clermont-Ferrand

Vulcania en faillite De nouveaux investissements sont nécessaires…

20 heures le journal, 19 juillet 2005

« Le projet d’agrandissement du parc auvergnat ne plait pas à tout le monde. (…) Au cœur de la controverse, le projet d’extension « pharaonique » que prévoit la région, propriétaire du parc. « Vulcania perd des visiteurs et stagne autour de 300.000 entrées, ce qui est bien en dessous de ce qu’ils avaient prévu. Du coup, la Région a des projets complètement démesurés pour attirer de nouveaux visiteurs. Mais cela s’apparente plus à des attractions foraines
qu’à des activités pédagogiques ! », ironise Yves Reverseau, président de Puy-de-Dôme Nature Environnement. « La chaîne des puys vient d’être classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Toutes ces constructions seront visibles des puys environnants », poursuit cet opposant de la première heure, qui projette d’attaquer le permis de construire dès qu’il sera rendu public. »

« Le conseil régional d’Auvergne vient de renouveler pour quinze ans le contrat de délégation de service public de la société d’économie mixte (SEM) Volcans, pour la gestion du parc Vulcania, à partir du 1er janvier 2017.Un programme d’investissements de plus de 33 millions d’euros sur la période a été financé. Le renouvellement des animations existantes et la création de nouvelles attractions (planétarium, tour de chute libre, parcours aquatique…) sont prévus. En qualité de propriétaire, le conseil régional d’Auvergne consacrera 5,3 millions d’euros à l’aménagement des bâtiments et des infrastructures. »

2016, Le Moniteur

Cap Découverte

Carmaux, depuis2003

Pôle multiloisirs aménagé depuis 2003 sur l’ancien site de la mine de charbon à ciel ouvert de Carmaux : lors de la fermeture en juin 1997 de la dernière mine de charbon, les élus locaux cherchent une solution pour redynamiser le site et maintenir une activité économique dans un secteur durement affecté. Après un appel d’offres, les élus choisissent de transformer le site de la mine à ciel ouvert en base et parc de loisirs. L’investissement se monte à 66 millions d’euros. Les prévisions initiales de fréquentation portaient sur 660 000 entrées payantes, pour induire la création de 250 emplois directs et 1 000 emplois indirects.Mais la fréquentation du site (environ 20 000 visiteurs annuels sans jamais dépasser 65 000) n’atteindra pas les résultats annoncés et les pertes financières deviennent considérables ; elles suscitent de vives réactions au sein du Conseil général du Tarn.

Le 12 février 2013, la Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées présente un second rapport soulignant « un lourd déficit chronique » et appelant à « une réduction des activités commerciales » .

Dans ce contexte difficile, un article de La Dépêche du Midi, quotidien local, fournit des informations intéressantes :

Très coûteux parcs d’attractions

« Les erreurs de montage, de gestion, d’exploitation ont plombé les capacités d’attractivité du site. Le projet est passé en force sans tenir compte de son environnement, des avis des professionnels du tourisme, de la logique économique. Il n’a pas d’avenir sérieux comme destination touristique et comme parc de loisirs ».(rapport de la Caisse des Dépôts)


La région qui a versé 1,5 million d’€ au titre du déficit d’exploitation des deux premières années devra décider si elle complète les subventions des communes et du département pour le déficit. Trois étés après son ouverture, Cap Découverte entre dans le club des parcs à thème sous perfusion des collectivités locales. Le plus célèbre d’entre eux le Futuroscope, miné par un déficit de 3,2 millions d’€ (2003) s’est séparé de la moitié de son personnel en cinq ans. Les collectivités ont ajouté 14 millions d’€ pour relancer attractions et promotions.

En Auvergne, Vulcania, la cité des volcans (coût : 118 millions d’€), accuse des pertes de 1,7 million. Le nombre d’entrées s’établit à 387 000 au lieu des 800 000 prévues. A Toulouse, il manque 87 000 visiteurs à la cité de l’Espace pour équilibrer des comptes en creux de 500 000€.
Les collectivités ont remis au pot 17,5 millions d’€ pour ouvrir une attraction nouvelle.
Dans l’Ariège, le parc préhistorique de Tarascon n’accueille pas la moitié des 150 000 visiteurs escomptés ce qui a obligé le conseil général à réduire la voilure et à subventionner le fonctionnement. Enfin, dans un autre registre, car il s’agit aussi d’un haut lieu de science, le site du Pic du Midi, champion toutes catégories du surcoût (40 millions d’€ au lieu de 17), devra attirer 20 000 touristes supplémentaires (105 000 en 2004) pour redresser un bilan
d’exploitation dans le rouge de 1,1 million d’€ l’an passé. Investissements sous-évalués, potentiel de fréquentation au contraire surévalué, avertissements négligés, déficits chroniques : ces parcs présentent les mêmes symptômes, aboutissent aux mêmes espoirs déçus et à de
lourdes factures pour le contribuable
. Quant aux emplois créés sur les sites de Cap Découverte (90) et Vulcania (111), ils finissent par revenir plus cher que des recrutements à vie d’un nombre égal de fonctionnaires.

La Dépêche du Midi, publié le 29/06/2005

Biarritz Océan

Biarritz, depuis 2011

La Cité de l’Océan est un lieu d’expérience où le visiteur est invité à explorer des univers variés pour comprendre l’océan à travers des dispositifs multimédias et interactifs.

« Le 8 novembre 2017, la chambre régionale des comptes Nouvelle Aquitaine a examiné la gestion, à compter de l’exercice 2009, de la société d’économie mixte Biarritz Océan.

Le rapport d’observations issu de ce contrôle porte sur la présentation des missions de la SEM Biarritz Océan et des diverses difficultés ayant affecté tant son modèle économique que sa stratégie scénographique et sa politique commerciale, outre la régularité de sa gestion, au point de l’empêcher d’atteindre les objectifs de fréquentation et de chiffre d’affaires fixés initialement et de la contraindre récemment à restructurer son actionnariat et à élaborer un plan de relance de son activité ». (ci-après, extraits du rapport)

PRESENTATION DE LA SEM BIARRITZ OCEAN : ACTIONNARIAT ET OBJET SOCIAL

La SEM Biarritz Océan a été constituée le 30 juin 2009 à l’initiative de la ville de Biarritz, qui détenait alors 85% de son capital social, le solde se répartissant entre une filiale de la Caisse Régionale de Crédit Agricole et cinq autres personnes propriétaires détenant chacune une seule action. Cet actionnariat, élargi une première fois en 2011 à la société Suez Environnement et à la Caisse des Dépôts et Consignations, a été étendu en 2015 aux principaux acteurs publics du territoire (région, département, agglomération) à l’occasion d’une recapitalisation destinée à apurer de sévères pertes antérieures et à donner à la société les moyens de financer sa relance. Le capital social de la SEM s’établit actuellement à 3,2 M€.
La SEM Biarritz Océan a pour mission d’exploiter deux équipements réalisés par la ville de Biarritz dans le cadre de sa politique de développement touristique et économique, la Cité de l’Océan, créée ex nihilo et dédiée à la présentation des réalités scientifiques de l’océan, et l’Aquarium-Musée de la Mer, structure préexistante ayant donné lieu à extension.
Le montage juridique et en conséquence le modèle économique de l’opération Biarritz Océan reposent sur l’articulation entre :
– un contrat de partenariat public privé (PPP) par laquelle la commune de Biarritz a confié en 2008 à la SNC Biarritz Océan (filiale de Vinci Construction France) le financement, la construction, l’entretien et la maintenance de la Cité de l’Océan et de l’extension du Musée de la mer, la rémunération dudit partenaire prenant la forme d’un loyer à lui verser, par la ville, sur les 30 ans de durée de vie du contrat couvrant notamment ses coûts d’investissements et de
financement ;

– une convention de délégation de service public (DSP) par laquelle la ville de Biarritz a confié en 2009 à la SEM Biarritz Océan la gestion, l’exploitation commerciale et l’animation des deux sites et mis à sa charge le versement à la collectivité délégante d’une redevance au titre de la mise à disposition des équipements et de l’intéressement au chiffre d’affaires, ainsi que la réalisation et l’amortissement de certains investissements et diverses obligations en
matière d’entretien et de maintenance.
Au terme de leur construction, la nouvelle Cité de l’Océan et le Musée de la Mer restructuré ont été remis par le titulaire du contrat de PPP à la commune puis par cette dernière à la SEM Biarritz Océan qui les a ouverts au public le 25 juin 2011.

UN MODÈLE ÉCONOMIQUE AMBITIEUX MAIS IRRÉALISTE DONT LES PRINCIPES ONT DU FINALEMENT ÊTRE REMIS EN CAUSE

Le budget prévisionnel joint par la SEM à son offre de candidature à la DSP évaluait à 450 000 le nombre d’entrées nécessaires à cet équilibre économique, correspondant à un chiffre d’affaires prévisionnel de 5,6 M€ HT.
En fait, un tel niveau n’a jamais pu être atteint, le nombre total d’entrées pour les deux sites s’établissant en moyenne à 328 265 par an entre 2011 et 2015. La fréquentation tout comme le chiffre d’affaires diminuent régulièrement depuis 2012 où ils atteignaient leur maximum avec respectivement 344 855 entrées et 3,9 M€. Enfin, la contribution de la Cité de l’Océan au chiffre d’affaires de la SEM apparaît d’autant plus décevante que la majorité des coûts du partenariat public privé, supportés par la ville de Biarritz, se rapportent précisément à cet équipement.
Un tel décalage entre la réalité de l’exploitation et les prévisions initiales conduit à s’interroger sur le réalisme de ces dernières. Pour sa part, l’organisme spécialisé dans le tourisme à l’origine de leur émission soutient avoir conditionné, à l’époque, la réalisation de ses prévisions de fréquentation au respect de certaines exigences en matière de scénographie et de politique commerciale qui n’auraient pas été suivies.
Le plan de relance adopté en 2015, à l’initiative de la commune de Biarritz mais avec le concours financier des autres collectivités actionnaires, repose sur un nouveau modèle économique fondé sur une fréquentation prévisionnelle réduite à 350 000 entrées (soit 100 000 de moins que dans le plan d’affaires originel). L’avenant à la convention de DSP signé concomitamment en juillet 2015 (au demeurant au terme d’une procédure à la régularité incertaine)
réduit, en outre, de 1 183 815 € à 800 000 € HT le montant de la redevance fixe due par la SEM à la ville de Biarritz, entérinant ainsi la déconnexion entre exploitation et financement des ouvrages qui présidait au montage initial de l’opération « Biarritz Océan ». En effet, alors que la commune se trouve pénalisée par la baisse précitée de la redevance versée par son délégataire, le loyer qu’elle reste devoir au titre du PPP1 demeure, pour sa part, inchangé.
(1 756 499 € de pertes cumulées de 2011 à 2015)
le plan de relance de 2015 a le mérite de proposer pour la première fois des réponses structurelles pour tenter de relancer la fréquentation des sites. Un volume d’investissement de 5,9 M€ portant sur le renouvellement des contenus (expositions et animations)

UNE GESTION DE LA SOCIÉTÉ MARQUÉE PAR DE NOMBREUSES IRRÉGULARITÉS OU DYSFONCTIONNEMENTS

S’agissant de la gouvernance de la société, il apparaît que la conduite de l’exploitation s’est réalisée assez largement en dehors du conseil d’administration, dans le cadre de réunions entre le maire de la ville de Biarritz, président de la SEM, les services municipaux et la directrice de la société.
Les relations avec certains partenaires gagneraient également à être clarifiées pour éviter de s’exposer au risque de conflit d’intérêts (en particulier lorsqu’il s’agit d’actionnaires de la SEM).
Il semble, en revanche, plus difficile de tirer argument des difficultés de démarrage, qu’auraient également connu d’autres équipements comparables en France, pour exonérer la gouvernance de la SEM de sa responsabilité propre dans les erreurs de toute nature qui ont marqué les premières années de la société.
Enfin, bien que l’exécution comptable de l’exercice 2016 se soit traduite par un déficit moindre que par le passé et que la fréquentation des sites lors de l’été 2017 ait été dynamisée par les mauvaises conditions atmosphériques sur la côte basque, il semble prématuré de considérer que la situation de la SEM serait d’ores-et-déjà en voie de rétablissement. En tout état de cause si tel devait être le cas, ce serait au prix d’une mobilisation des finances locales significativement plus conséquente que ce qui avait été envisagé à l’origine.

Vintageland

Merceuil, Côte d’Or, 2020- projet abandonné

Un futur parc de loisirs sur l’autoroute A6, sur l’ancien site de l’Archéodrome ? Un parc d’attractions « vintage » s’est ouvert sur l’aire d’autoroute Beaune-Tailly sur l’A6 le 7 juillet 2020. L’occasion pour les automobilistes de passage de redécouvrir des attractions foraines des années 50 à 70 et beaucoup d’objets anciens.Un parc éphémère, pour l’instant (info 2020). Le projet de transformer « Vintageland » en un parc à thème plus complet pourrait voir le jour en 2021, comme l’explique David Butet, co-fondateur du parc : « ça fait plus de 5 ans qu’on travaille sur le concept du projet, pour la mise en place d’un parc de loisirs, sur les années vintage. Aujourd’hui avec le Covid, on a réussi à mettre en place une préfiguration sur 5 hectares, pour aménager une expérience ‘vintage’ à part entière. On peut trouver des manèges, de la friperie, des objets de collection, des animations, de la musique, de la danse, du cinéma ».

Le projet du parc est porté par deux entrepreneurs passionnés, Jacques Le Disez et David Butet, tous deux nostalgiques de la Nationale 6, notre Route 66 à la française. Ils ont misé sur un retour aux « jours heureux ». Avant d’en arriver là, il a fallu collecter 2 millions d’euros. Et pour parvenir à l’équilibre, 500 entrées par jour seront nécessaires.

Initialement, le projet du parc Vintage Bel-Air devait voir le jour à côté de la station-service rénovée de Bel Air – La Rochepot (Saône-et-Loire) le long de l’ex-RN6, mais il a été annulé pour raisons environnementales.

2021 : La fin de l’aventure pour le parc de loisirs Vintageland

Le parc à thème autour de l’automobile et des années 1970, qui devait s’implanter à La Rochepot puis à Merceuil, est tombé à l’eau. La société V.B.A Developpement a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Dijon. (20 mars 2021)

JSL

Parc des Légendes de Lorraine

Capavenir (Vosges) 2020 – projet abandonné

Et si la Lorraine avait bientôt son Puy du Fou ou Futuroscope 100 % régional ?

« La commune de Capavenir Vosges étudie depuis 2017 l’implantation d’un parc à thèmes consacré aux contes et légendes sur une ancienne friche industrielle de 45 hectares. Le projet se confirme, Arnaud Coste, fondateur de Wikipark basé dans le sud-ouest, sera le directeur du parc de Capavenir Vosges. La région Grand Est a annoncé faire de ce projet l’un de ses trois plus importants de la mandature ». Autour de la table, la Caisse des dépôts et consignations, les collectivités et des financeurs privés.

Le projet a été remis en question notamment dans le cadre de la campagne électorale municipale de 2020 ; voici ce que celui qui a été élu maire pensait du projet de parc à thèmes

Cédric Haxaire, candidat aux élections municipales a annoncé qu’il ne souhaitait pas que ce parc sur les contes et légendes voie le jour.
« Un projet de parc à thème nous apparaît totalement en décalage avec les besoins exprimés par notre population.» « oui il faut rebooster l’attractivité de notre territoire ! » explique le candidat aux élections municipales qui précise que le projet de parc à thèmes soutenu par le maire, n’est pas adapté :
« Compte tenu de l’espace consommé (minimum 15 hectares), les emplois créés sont insuffisants et trop précaires. Des investisseurs déjà présents sur place sont prêts à s’investir et à développer leurs activités. Nous ne souhaitons pas leur départ contrairement aux plans de la Ville. » explique-t-il. « Les impacts négatifs nous semblent plus évidents. Circulation laborieuse, bilan carbone des déplacements, projet consumériste en décalage avec les valeurs de retour à l’essentiel… » poursuit-il. »

Il est prévu de confier la gestion du parc à Arnaud Coste. « Dont la société Wikipark n’a que 5 000 euros de capital. On se demande donc qui va apporter le financement ». Dans le montage prévisionnel, annoncé il y a un an, il était pourtant prévu qu’un investisseur privé apporte à lui seul 15 M d’euros. Et que le reste soit assuré par les collectivités locales, et régionales dont la commune de Capavenir. « Ce qui fait tiquer, c’est qu’Arnaud Coste et les gens du bureau d’études (Laurent Mengual et Pierre Cathala) sont tous impliqués dans un projet identique à Tournus en Saône-et-Loire au bord de l’autoroute A6. Où ils promettent les mêmes retombées sans apporter le moindre financement », lâche Philippe Perrin. « Qui sera exposé financièrement en cas d’échec ? »
« Le projet prévoit une enveloppe de 35 M d’€. Sans compter le prix de l’achat des 20 hectares nécessaires.

« Mais ces 35 M seront apportés par des investisseurs privés » assure l’ancien maire de Capavenir.

Vosges Matin, 2020

Cédric Axaire a été élu aux élections municipales de 2021, et le projet abandonné. Plusieurs propositions alternatives pour la requalification de la friche industrielle sont maintenant envisagées en intense concertation : zone économique, zone naturelle avec maraîchage et production d’énergies nouvelles, espace artisanal et de coworking… toutes les pistes sont abordées, constituant « Aviots Eco-Terre », projet économique et écologique privilégiant nouvelles activités créatrices d’emplois et transition énergétique. Ce projet a d’ailleurs décroché le label « Territoire d’Industrie » mis en place par le gouvernement en 2018. (Bulletin municipal mars 2021)

Parc historique du débarquement

Normandie, 2020 – projet controversé

Hervé Morin veut son « Puydu Fou » normand près des plages du Débarquement à l’horizon 2024.

En Normandie, le projet de parc à spectacles sur le Débarquement pas encore présenté mais déjà contesté.

En janvier 2020, Hervé Morin annonçait sa volonté de créer un parc sur le thème du Débarquement en Normandie. Un projet aux contours flous, contesté par les riverains et associations qui s’interrogent sur l’impact écologique et l’intérêt, dans une région où la commémoration est déjà omniprésente.

« Le Débarquement ne doit pas être le prétexte à une mascarade historique à visée commerciale »

L’écrivain Gilles Perrault, l’universitaire Bertrand Legendre et le médecin Christian Derosier s’indignent, dans une tribune au « Monde », du projet de création par la région Normandie d’un site touristique consacré au Débarquement, qui, selon eux, serait une « indécente machine à grand spectacle ». (Publié le 04 septembre 2020 )

Faisant à la fois le constat de la force d’attraction touristique de la région qu’il préside, la Normandie, et de la difficulté qu’elle rencontre à retenir ses visiteurs, Hervé Morin a annoncé début 2020 sa volonté de créer un site supplémentaire consacré au Débarquement de juin 1944. Initialement connu sous le nom de « D-Day Land », puis renommé « L’Hommage aux héros », ce projet suscite de vives inquiétudes en France et à l’étranger.

Loin de préfigurer un nouveau musée ou un nouvel espace de recueillement, c’est une mascarade historique à visée commerciale qui se dessine. Ce projet de spectacle vivant porté par trois promoteurs privés, spécialisés en communication, dramaturgie musicale, cinéma et télévision, entend donner, en quarante-cinq minutes, une évocation du Débarquement et de la bataille de Normandie, en faisant appel à des projections audiovisuelles et à 150 comédiens et circassiens. Un budget de 250 millions d’euros est prévu pour ce business mémoriel, ainsi qu’un site d’une trentaine d’hectares, proche des plages du Débarquement. La reconstitution d’un village placé sur le circuit de la visite assurera la vente de produits locaux et de produits dérivés,
prétendus souvenirs de la guerre.

En cherchant à attirer 600 000 visiteurs chaque année, le projet est lourd de menaces sur les plans économique, écologique. Sur le plan économique, d’abord, qui constitue sans doute sa réelle raison d’être dans l’esprit d’Hervé Morin, une de ses premières conséquences sera de mettre en difficulté le réseau culturel que représente la quarantaine de musées normands, de tailles variables et qui assurent souvent un travail rigoureux et respectueux de la mémoire des victimes.

L’importance du budget annoncé fait craindre que les pires ressorts du retour sur investissement soient mobilisés pour attirer le public et l’amener à dépenser autant que possible au détriment des autres sites consacrés au Débarquement. A l’image des supermarchés ou hypermarchés qui asphyxient le commerce de proximité, ce projet mettra à mal le tissu commercial qui bénéficie actuellement des importants flux du tourisme mémoriel répartis sur l’ensemble des sites normands.

Sur le plan écologique, il convient de se demander si l’on peut accepter les dommages que ce nouveau parc ne manquera pas de causer tant par l’occupation de terres agricoles que par les flux importants de véhicules et de visiteurs ? Peu après qu’ont été abandonnés le projet Europacity en Ile-de-France et celui de Center Parcs en Isère, et au moment où le modèle même des parcs de loisirs donne de sérieux signes de fragilité, la question mérite aussi d’être posée pour ce projet qui n’est censé fonctionner que six mois par an.

Un simulacre réduisant l’histoire à une succession de prouesses d’acteurs et de circassiens, pour satisfaire des appétits économiques ?

L’histoire et la mémoire ne s’inculquent pas à coups de shows, par fournées de trois quarts d’heure, six fois par jour, six mois par an, délivrées à des centaines de spectateurs qui seront plus encouragés à consommer qu’à comprendre, méditer et se recueillir.

Le tourisme mémoriel est respectable quand il préserve un équilibre, toujours délicat et fragile, entre économie et mémoire. Il cesse de l’être et tourne au loisir et à la distraction quand il fonctionne comme une machine à grand spectacle, ou comme un supermarché vendant indifféremment de l’émotion, des nuits d’hôtel et des babioles. Il devient alors indécent, et les Américains ne s’y tromperont pas, qui verront dans ce projet une insulte à la mémoire de leurs morts et à l’éthique. Est-ce bien là le message que les Normands et les Français dans leur ensemble veulent leur adresser ?

Devons-nous nous résoudre à ce que la bataille de Normandie soit réduite à un simple spectacle qui se joue en costumes d’époque avec force effets spéciaux, jeux de mises en scène et sonorisations si efficaces pour distraire le public ? Faut-il faire du chiffre d’affaires sur le dos des morts… et oublier l’essentiel ?

Paris-Normandie, 13/12/2020

Que de ressemblances avec le projet ECLAT !

Bilan : sous-estimation des dépenses, sur-estimation de la fréquentation, faiblesse de l’emploi