Économie du projet

Les parcs à thème sont des activités économiques toujours difficiles à rentabiliser. C’est pourquoi la contribution des finances publiques y est indispensable, que ce soit pour la prise en charge des investissements de viabilisation ou pour des aides de diverses natures au long des années d’exploitation. Maintenir l’attractivité de parcs à thème suppose d’en renouveler souvent l’offre, d’où des investissements récurrents, voire des extensions sur des surfaces adjacentes.

Le cas d’ECLAT est particulièrement problématique à cet égard car ce projet cumule deux handicaps, qui ne le rendent possible que sous fortes perfusions de subsides publics : il est lancé dans une conjoncture particulièrement critique pour les activités de loisirs, notamment les spectacles ; le site retenu est enclavé et coupé par l’une voie ferrée majeure, enfin des habitations sont présentes et tous les propriétaires ne veulent pas quitter les lieux malgré les incitations à vendre en conditions particulièrement attractives. D’où une viabilisation compliquée et coûteuse.

Une « bonne affaire » pour les habitants de Saône-et-Loire ?

Le projet a été « vendu » aux Saône-et-Loiriens comme un projet privé, afin de ne pas les inquiéter en termes d’engagement de dépenses. L’articulation public-privé de ce projet, échafaudée dans la plus totale opacité, est a priori bien inquiétante : qui pilote réellement, avec quelle compétence permettant de garantir le primat de l’intérêt général ?

Quelques entorses à la sincérité sont déjà apparentes et donnent le ton :

  • On invoque les nécessités du covoiturage pour justifier le financement public du parking de 4 à 5 hectares alors que le covoiturage au péage de Tournus nécessite tout au plus une dizaine de places.
  • ou encore, la passerelle sur les voies ferrées est censée coûter 1 million d’euros alors que le coût réel ne devrait pas être inférieur à 2 millions en prenant en compte l’ensemble des éléments de contexte.

… et pour les partenaires promoteurs ?

L’exploitation en elle-même risque d’être peu lucrative ; sa viabilité reposera notamment sur l’importance des recettes annexes, hors billetterie : vente de produits dérivés, restauration, consommation sur site. Cela devrait faire réfléchir les commerçants tournusiens à qui l’on fait espérer une clientèle nouvelle et considérable.Pour l’investisseur, déjà par ailleurs acquéreur d’hôtels et restaurants à Tournus, l’aubaine foncière est intéressante : des terrains agricoles vont être considérablement valorisés du fait de l’autorisation de construire si l’adaptation du règlement d’urbanisme parvient à bonne fin, et du fait des dépenses de viabilisation prises en charge par les collectivités publiques. Que la vie du projet ECLAT dure une, deux, cinq saisons ou plus, jamais ces terres ne pourront retourner à leur état agricole, et des activités plus lucratives pourront aisément ensuite y être développées.

Une bonne affaire pour le tourisme en Saône-et-Loire ?

On peut légitimement en douter … voir les réactions des professionnels et du maire d’Autun.

Une bonne affaire pour le commerce tournusien, pour l’emploi local ?

Qui se souvient des éditions du festival des Franco-gourmandes ? Cet événement festif fort apprécié attirait aussi à Tournus des foules, plus près du centre-ville et de ses commerces que ne le serait le site d’ECLAT. Et pourtant les retombées en termes de consommation locale hors site étaient voisines de zéro. Le parc ECLAT est pensé comme un appendice de l’autoroute, et toutes les promesses verbales sont sans effet. On parle déjà de restauration sur le site…

Quant aux emplois créés, il s’agirait pour l’essentiel de jobs saisonniers.